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Les actualités et publications
06/12/2017 Le Think Tank, Les commissions, Analyse

Normaliser et rendre pertinente l’information extra-financière

Dhafer Saïdane et Amaury Goguel

L'information extra-financière se cherche. Le principal enjeu est de savoir comment mesurer les indicateurs ESG et intégrer la recherche extra-financière afin de développer l'investissement durable dans la gestion pour qu'elle ne soit pas seulement passive.

La commission Analyse extra-financière de la SFAF a participé, le 14 novembre 2017, aux rencontres de la finance durable de SKEMA Business School et de l'Observatoire international de la finance durable dont le thème était « L'information extra-financière : source, normalisation et pertinence ».
La table ronde a réuni Christian de Boissieu, professeur d'université, membre du Cercle des Économistes et du Collège de l'AMF, Christophe Dispas, professeur de finance à SKEMA Business School, Laurent Jacquier-Laforge, Chief Investment Officer Equity de la Française AM, Philippe Desfossés directeur de l'Erafp, et Patrick de Cambourg, Président de l'Autorité des normes comptables (ANC).

Dualité du système actuel
Pouvons-nous continuer à vivre dans un monde avec de telles dualités ? Dualités et séparations nettes entre le court terme et le long terme, entre le financier et l'extra-financier, entre le marchand et le non marchand, bref entre l'économique pure et l'humain. Ceci n'est plus plausible. Il importe de revenir à l'essence même au moyen de réglementations adaptées, d'informations extra-financières et de normes.
Un constat alarmant peut-être fait : l'offre de financement durable est faible comme ses perspectives. Alors que la finance durable est, par définition, un investissement à long terme, la crise n'a fait qu'augmenter la préférence pour la liquidité et les arbitrages au profit du court terme. A cela, se rajoute la mauvaise affectation des ressources. Il y a en effet un véritable défaut au niveau des canaux de transmission de la liquidité. Ces lacunes se situent à deux niveaux :

  • Un manque d'instruments financiers adéquats comme les fonds de pension ;
  • Une inadéquation de la politique fiscale qui ne favorise pas le long terme.

Mais l'argent est disponible et, si les régulateurs veulent financer la transition, ils doivent absolument encourager l'investissement stable en incitant les investisseurs à aller sur le long terme (sociétés de capital-risque, fonds de pension…).

L'information extra-financière : un besoin vital
Nous avons besoin d'une information complète incluant des informations financières et non financières. Le temps de l'expérimentation, utile en termes de pensée créative, est terminé. Beaucoup de très bonnes contributions se sont distinguées dans le domaine ces dernières années, mais il en a résulté une asymétrie d'information.
Résultat : il devient très difficile aujourd'hui pour les investisseurs de déterminer ce qu'est un investissement durable. Qu'est-ce qu'un investissement qui prend en compte tous les facteurs ESG et, en particulier, les facteurs à long terme ?
Les acteurs deviennent exigeants en termes ESG. Ils revendiquent des standards pour les critères d'investissement. D'où viendront les progrès en la matière ? Pas des États-Unis, où la dimension « Business » vampirise toute idée d'ISR ou d'ESG, A cela se rajoute l'esprit de l'administration Trump considérant la « sustainable finance » comme inutile et plus coûteuse pour la société que bénéfique.
Or, plusieurs experts aujourd'hui affirment que plus nous nous concentrons sur la finance durable, plus nous créons de la valeur et, donc, de la valeur pour les actionnaires.
Pour certains, l'impulsion viendra de la Chine et du Japon. En Europe, il faudra une décision politique. L'UE est prête à aller de l'avant, et la France en particulier car elle a clairement la capacité d'être leader en la matière.
Toutes les grandes entreprises de retraite parlent d'investissement durable et tous les grands organismes de retraite mettent en œuvre l'ESG avec la politique « best-in-class » et « investing impact ». Les entreprises de prévoyance investissent et investiront dans l'ESG avec ou sans les autorités de régulation, car il n'y a pas d'autre choix possible.
De plus, le changement climatique, qui est un risque pour les affaires à long terme, est une obligation fiduciaire envers les investisseurs. Certes, la réglementation est insuffisante ou pas encore appropriée, mais il existe une spécificité française comme l'article 173 de la loi Transition écologique et énergétique - LOI n° 2015-992 du 17 août 2015. Elle introduit de nouvelles exigences de transparence et de reporting pour les investisseurs institutionnels et leurs gestionnaires d'actifs. Et elle attribue des obligations d'information aux investisseurs institutionnels sur l'intégration des paramètres ESG dans leur politique d'investissement.
A lire aussi sur ce sujet : « Remettre l'ISR en perspective », Focus métier de la revue Analyse financière n° 61 (Octobre-Décembre 2016).

Dhafer Saïdane, professeur à SKEMA Business School et directeur de l'observatoire international de la finance durable
Amaury Goguel, directeur du programme MSc FMI- Finance de marché et Investissements
Contact : revue@sfaf.com