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02/12/2025 Evaluation

Valorisation des entreprises : ne pas savoir est pire que savoir

 

 

 

Alors que, déjà, s’approche la période des « bilan et perspectives », il nous semble utile de rappeler que le fondement de la valeur d’une entreprise est la prévisibilité des flux futurs. Or, on ne peut pas vraiment dire que, de ce point de vue-là, les entreprises ont été favorisées au cours de l’année qui est en train de se terminer...

Aux Etats-Unis, le choc Trump a été le sujet majeur de 2025. Des premières déclarations jusqu’au « Liberation Day » du 2 avril 2025, les entreprises européennes, notamment, ont navigué dans un épais brouillard. Entre 10 et 40%, voire plus encore, les droits de douane menaçaient la totalité des marges de tous les produits exportés vers le Nouveau Monde. Comme, de plus, le taux de change du dollar chutait face à l’€, l’incertitude était à son comble. Et l’évaluation des entreprises concernées baissaient d’autant, comme l’a montré à l’époque la chute prononcée du cours des actions.

En Europe, le cadre réglementaire de l’ESG a évolué dans le sens d’un allègement des obligations déclaratives. Le Parlement européen a approuvé très récemment un allègement radical des obligations liées au reporting de durabilité (CSRD), et au devoir de vigilance (CSDDD), qui sera limité aux très grandes entreprises (plus de 5 000 salariés et 1,5Md€ de chiffre d’affaires). Les normes seront simplifiées : moins de détails qualitatifs, le reporting sectoriel deviendra volontaire et l’obligation d’établir un plan de transition conforme à l’Accord de Paris disparaît. 

En France, l’année 2025 a vu défiler 3 premier ministres. Une première depuis la IVème République... En cette fin d’année, l’incertitude politique reste très grande, même si le gouvernement tente de faire voter un projet de budget respectueux des demandes d’une Assemblée Nationale sans majorité. Il y a, dans chaque négociation parlementaire, des impacts pour les citoyens et les entreprises, qui ne savent pas sur quel pied danser. Quel taux d’imposition des bénéfices ? Avec ou sans surtaxe ? Que promettre aux salariés en ce qui concerne les salaires ? Que budgéter en matière de charges sociales ?

La conséquence de tout cela est que les citoyens comme les entreprises restent l’arme au pied, incapables de prendre une décision de consommation ou d’investissement dans un tel brouillard.

Ne pas savoir est pire que savoir : les entreprises demandent tout simplement un cadre de travail clair et durable. Subir un droit de douane (même à 15%) peut se gérer et se partager entre les différents acteurs économiques (distributeurs, importateurs, producteurs). Renforcer la production d’indicateurs ESG est bien sûr utile, mais du moment que ces indicateurs soient clairement définis et fixes dans le futur. Les mesures d’optimisation prises par les entreprises n’ont de sens qu’en connaissant le cadre fiscal et règlementaire...

Ne pas savoir est pire que savoir : c’est tout le sens de la prime de risque qui vient augmenter le facteur d’actualisation que l’on applique aux flux futurs pour déterminer la valeur de l’entreprise. L’incertitude sur les droits de douane américains en début d’année, les obligations déclaratives de l’entreprise, le cadre fiscal et réglementaire d’une manière générale : tous ces éléments alimentent le risque et la prime de risque. Et réduisent la valeur...

C’est bien le message que nous souhaitons faire passer au gouvernement et aux parlementaires : donnez un cadre fiscal et réglementaire clair, quel qu’il soit, c’est la meilleure façon d’augmenter l’évaluation des entreprises et, donc, leur capacité à créer de la croissance, de la valeur ajoutée, de l’emploi, des profits et des impôts !