
Quand ça ne va pas, ça ne va pas
Après 2 mois et demi de surperformance, le secteur pharma est revenu à ses performances habituelles en Europe et aux USA. Evolution des prix des médicaments, affection pour le risque, sensibilité au cours du dollar… Opinion de Laurent Dubois, membre de la commission Evaluation de la SFAF, qui revient sur les raisons de ces fluctuations.
Qu’il nous semble loin le temps des rires et des chants, quand le secteur pharma surperformait les indices. C’était il n’y a pourtant que 2 mois. Les performances du secteur, alors à +8.5% en Europe et +7% aux USA, sont revenues respectivement à +3% et -2.5%.
Les causes sont connues :
- Un retour de l’appétit pour le risque et une désaffection pour les valeurs à béta faible. A noter que cet arbitrage n’a pour autant pas affecté massivement le secteur télécoms qui partage le même béta que la pharma.
- Une sensibilité à la baisse du dollar, pour un secteur fortement exportateur.
- Un certain manque de réalisme et de sens politique : le 23 avril dernier, Novartis et Sanofi exhortaient l’Europe à augmenter les prix des médicaments en Europe pour s’ajuster sur les niveaux de prix US, 3 fois plus élevés, de manière à encourager la production sur le sol européen. Le modèle historique de production en Europe et exportation aux USA ne serait plus viable. En conséquence de quoi, les groupes européens décidaient d’investir massivement aux USA : 50Mds$ sur les 5 prochaines années pour Roche, tandis que Novartis, Eli Lilly et Johnson & Johnson ont annoncé de vastes programmes d’investissements à venir aussi.
- Enfin, l’annonce par Donald Trump de sa volonté de baisser les prix de 59% des médicaments aux USA en introduisant une politique de la nation la plus favorisée, afin de garantir que les citoyens américains ne paient pas plus que le prix le plus bas au niveau mondial. Ceci pourrait avoir pour conséquence que le prix le plus bas soit relevé partout dans le monde.
Rappelons cependant que l’Etat américain ne peut agir que sur Medicare et Medicaid, les programmes de santé nationaux, qui couvrent 40% de la population américaine. Le Congrès doit ensuite décider de voter en faveur et, enfin, les tribunaux avaient déjà, lors de la première tentative de Donald Trump en 2018 de baisser les prix, retoqué son projet. Les programmes de santé privés pourraient certes en profiter pour suivre le mouvement et imposer aussi des baisses de prix, mais cela semble délicat à mettre en place avant que ces tribunaux ne se prononcent.
Une tendance demeure cependant : la diversification a pris le pas sur la concentration. Il y a 15 mois, selon le principe du « tous derrière et eux devant », tant la thématique du GLP-1 était forte, Eli Lilly et Novo menaient la danse, tandis que les autres groupes pharma devaient se débattre avec leurs vieux démons (peu d’innovation, risques prix, croissance en berne, concurrence des génériques, brevets arrivant à échéance…). Aujourd’hui, considérant les flux sortant de ces deux anciens favoris, les vases communicants profitent, mais uniquement marginalement, aux autres valeurs de la cote.
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