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26/04/2017 Point de vue

Philanthropie, ou comment donner du sens à son patrimoine

Malgré un regain d'intérêt perceptible, la philanthropie reste encore trop méconnue en France. C'est la raison pour laquelle la Fondation de France a lancé un cours en ligne en partenariat avec la chaire Philanthropie de l'Essec. Le début des cours est programmé le 15 mai 2017.

La philanthropie serait-elle seulement une affaire de milliardaires américains ? Très active dans de nombreux pays, à commencer par la France, sa progression y est beaucoup moins visible. En effet, depuis la création de la Fondation de France, en 1969, le nombre de fonds et fondations est passé dans l'Hexagone de 250 à un peu plus de 1 000 en 2001 pour atteindre 4 500 aujourd'hui. Malgré les efforts poursuivis par la Fondation de France pour consolider et professionnaliser l'activité philanthropique des fondations, « leur fonctionnement et leur organisation sont encore peu connus », reconnaît Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la Mer, qu'elle a créée avec son mari, Geoffrey Roux de Bézieux il y a une dizaine d'années. « A l'époque, nous ne savions pas comment faire et nous sommes naturellement tournés vers la Fondation de France pour nous faire abriter. Nous avons ensuite appris avec d'autres fondations sur le terrain. Cela nous a amenés à créer Un Esprit de Famille, l'association des fondations familiales et d'initiative privée », poursuit S. Roux de Bézieux.

« La philanthropie privée se déploie dans d'autres domaines que les fondations créées par des entreprises (l'aide aux personnes vulnérables, la santé et la recherche médicale représentent respectivement 19 et 18 % des dons, les arts et la culture venant en 3e position avec 17 %), avec des démarches souvent empiriques », confirme Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France. Dans ce contexte, et alors que les finances publiques se désengagent progressivement de ces domaines, il a semblé opportun « de faire connaître les travaux de la recherche sur le sujet, de partager l'expérience de praticiens du secteur et, surtout, de donner envie de passer à l'action », souligne Anne-Claire Pache, directrice générale adjointe de l'Essec.

C'est la raison pour laquelle la chaire Philanthropie de l'Essec a lancé, le 29 mars dernier, le premier MOOC (Massive Open Online Course) francophone avec le soutien de la Fondation de France aux côtés de ses partenaires, les plus grandes fondations françaises telles que Rothschild, Caritas…

Avec 6 millions de donateurs en France, « l'acte de don, remarque Axelle Davezac, n'est pas un réflexe pour nos concitoyens. Et, même en cas de suppression de l'ISF et d'allègement du fardeau fiscal, les 300 000 personnes imposables ayant permis de collecter 250 millions d'euros en 2016 devraient maintenir leurs dons », espère-t-elle. Car jusqu'ici, d'après l'OCDE, le système fiscal français est l'un des plus favorables au monde : les taux de déduction des dons de l'impôt sur le revenu (66 %) ou de l'impôt sur les sociétés (60 %) y sont très significatifs. Cependant, si la fiscalité est bien un élément facilitateur du don, c'est aussi parce qu'elle permet de répondre à des enjeux sociétaux : « en élisant les causes auxquelles ils affectent leurs dons, les philanthropes parviennent ainsi à maîtriser la destination de leur impôt », explique Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l'Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis.

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