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20/10/2016 Emetteurs, Point de vue

«Actionnaires individuels, cassons les idées reçues». Le point de vue de Guy Loichemol, partner Havas Paris

Guy Loichemol, Partner chez Havas Paris, présente les résultats 2015 de l'étude annuelle sur les actionnaires individuels et propose de « casser les idées reçues ».


En septembre dernier, vous avez publié les résultats de l'étude annuelle « Actionnaires individuels, cassons les idées reçues ». Les constats sont-ils différents de ceux de 2015 ?

Avec cette étude en souscription lancée en 2014, nous nous sommes attachés à casser les idées reçues concernant les actionnaires individuels. Par rapport à notre objectif de départ, les choses ont quelque peu évolué en deux ans confirmant le bien-fondé de notre action. Je mettrais en avant trois points principaux. Il y a d'abord un mouvement vers le rajeunissement de la population des actionnaires individuels avec une baisse des plus de 65 ans à 32 % (contre 38 % en 2014) et une hausse des moins de 35 ans qui passent de 9 % à 13 %. Parallèlement, leur entrée en Bourse est plus précoce qu'auparavant.

Ensuite, on constate une volonté plus affichée encore d'inscrire le placement en actions dans le long terme : 55 % de ce type d'actionnaires gardent leurs titres plus de 5 ans contre 44 % en 2014. Enfin, et c'est sans doute le constat le plus fort car il démontre un mouvement très rapide, le digital est partout, ce qui nous a conduit à rebaptiser la cinquième famille que nous avions identifiée : elle devient « Actionnaire nouvelle génération » au lieu de « Actionnaire 2.0 ».

 

La question de l‘actionnariat individuel est cruciale en France où le nombre d'investisseurs particuliers est passé de 7 millions en 2002 à 3,3 millions en 2015. Quelles solutions préconisez-vous au niveau des entreprises ? Et au niveau du pays ?

Tout d'abord, le nombre d'actionnaires individuels n'est pas une fin en soi. Ce n'est pas le nombre qui importe mais la qualité de ces actionnaires qui accompagnent les entreprises sur le long terme. Notre étude montre que deux populations diminuent : « les actionnaires amers » et « les actionnaires de circonstance ». C'est une bonne chose car il faut, en quelque sorte, se concentrer sur les particuliers vraiment motivés par l'investissement en action et qui, surtout, sont aptes à assumer le risque lié. Dans notre étude, ils se situent dans trois des cinq familles identifiées : « L'actionnaire patrimonial », « L'actionnaire financier » et « L'actionnaire nouvelle génération ». Plus que les incitations fiscales, c'est la pédagogie, dès l'école et le lycée, qui permettra de garder ces actionnaires et d'en développer le nombre. Quant aux entreprises, elles doivent surtout apporter de la considération aux actionnaires individuels, en les informant avec soin et précision, et en récompensant leur fidélité.

 

Deux actionnaires sur trois seraient aujourd'hui présents sur les réseaux sociaux. Mais seulement 2 % des questions posées lors des AG concernant le digital. N'est-ce pas contradictoire ?

Ceci n'est pas contradictoire. Effectivement, comme je l'ai évoqué, le digital est maintenant présent partout dans les pratiques des actionnaires individuels, notamment sur les réseaux sociaux, sans que l'on sache en revanche s'ils les utilisent pour la gestion de leurs investissements. Aujourd'hui, on ne sait toujours pas comment utiliser ces réseaux sociaux sur le sujet action et l'on a encore trop tendance à confondre réseau social et forum, ou commentaires tels qu'on peut les lire. Le réseau social ne doit-il pas être plutôt utilisé pour sa raison première, le partage d'informations ? Dans ces conditions, il y aurait enrichissement réciproque pour les actionnaires et les sociétés cotées.

Quant à la question sur les assemblées générales, en lien avec une autre de nos études sur les questions posées par les actionnaires lors des assemblées générales du CAC 40, il apparaît que le digital n'est pas au centre des débats et ne fait l'objet de questions essentiellement que sous l'angle de la sécurité. Lors de ces débats, les actionnaires ont surtout besoin d'être confortés dans leur choix d'investissement. Ils doivent trouver des raisons de continuer l'aventure avec la société dont ils sont actionnaires ; c'est pourquoi les questions sur la stratégie couvrent 58 % des débats !

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