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30/01/2020 Formation

Prendre en compte les données ESG: les bonnes raisons de se présenter au CESGA®

Séverine Piquet, Investment Analyst, Global Sector Coordinator Financials au sein de la direction Euro Credit Research/Global Credit Fixed Income and Money Market de BNP Paribas Asset Management, apporte ici son témoignage à propos du certificat européen CESGA®, formation proposée par la SFAF.

Vous avez validé l'examen CESGA® (Certified ESG Analyst) en octobre 2019. Pour quelles raisons avez-vous décidé de suivre cette formation ? Quels en sont les apports pour vos activités d'analyste crédit ?
L'ESG est parfois clé dans l'appréciation des fondamentaux d'une société ou d'un secteur. Chaque analyste de notre équipe regardait ces aspects avec sa propre vision, avec finalement peu d'homogénéité. En 2019, nous avons voulu aller plus loin et nous avons donc décidé de suivre une formation diplômante, qui rend notre approche ESG plus systématique et plus homogène au sein de l'équipe. Par ailleurs, les standards ESG et les initiatives de Place évoluent rapidement et se multiplient et nos métiers nous laissent peu de temps pour suivre ces évolutions de près en temps réel. La formation permettait une mise à niveau efficace et complète. La certification ESG est un vrai plus pour un analyste financier. Celle du CESGA® est vraiment adaptée aux analystes financiers traditionnels.

Comment intégrez-vous les données ESG dans votre appréciation du risque crédit ? Selon quels modèles ? Intégrez-vous aussi des données qualitatives ?
Structurellement, certains sujets ESG sont pris en compte depuis longtemps dans l'analyse des fondamentaux d'une société, dans la mesure où ils peuvent façonner sa stratégie, faire dérailler des résultats ou rendre caduque un business model. Pour les questions environnementales, c'est une évidence. Pour la gouvernance, l'histoire montre que les sociétés à gouvernance faible présentent des risques accrus de mauvaises surprises. Nous avons deux types d'opinions internes : l'une est directionnelle (amélioration/détérioration attendue), l'autre est bilancielle (rating donnant la solidité financière actuelle, basée sur des éléments surtout quantitatifs). Nous tenions déjà compte de l'ESG dans nos opinions directionnelles, mais le plus souvent de manière implicite. Par contre, nos ratings bilanciels intégraient mal l'ESG. Cette année, nous avons décidé de présenter les impacts ESG sur nos opinions directionnelles de manière explicite, sur la base d'une grille d'appréciation propriétaire. Cela nous a aussi permis d'ajouter un critère ESG global dans nos ratings bilanciels, ce qui a entraîné des baisses et des hausses de ratings internes. Nous restons sur des aspects qualitatifs surtout, car la matérialité financière d'un risque ESG est encore très compliquée à évaluer.

Pour l'année 2020, quelles sont les principales attentes des analystes crédit dans ce domaine de l'ESG ?
La transparence est le point essentiel pour un analyste. Trop de sociétés ont un déficit de communication vers les analystes obligataires. Par exemple, les délais laissés pour analyser les comptes d'un nouvel émetteur sont parfois seulement de quelques heures, avec des comptes partiels et sans roadshow. Ou encore certains managements se présentent lors d'une émission, puis plus jamais jusqu'à maturité. Les grilles traditionnelles ESG n'intègrent pas les intérêts des porteurs de dettes, même quand ceux-ci sont contraires aux intérêts des actionnaires (Share buyback, dividendes extraordinaires suite à des cessions, etc.). En tant qu'analystes obligataires, nous souhaitons la prise en compte de ces aspects par les managements qui ont de la dette cotée. Dans nos opinions crédit internes, nous intégrons ces éléments.

Quelle est la stratégie de BNP Paribas AM sur les questions de l'ESG ?
La durabilité est au cœur de notre stratégie et nous avons une approche intégrée. Le « Sustainability Centre » de BNP Paribas AM, créé en 2017, oriente notre approche ESG et fournit aux équipes d'investissement des analyses et des données au niveau des entreprises et des secteurs. Le centre récupère les données d'une grande variété de fournisseurs. Dans la gestion des portefeuilles, les analystes financiers apportent en plus leurs projections, leurs anticipations, notamment grâce à leur connaissance sectorielle fine. Les gérants construisent leur portefeuille sur cette base, en fonction des caractéristiques de leur mandat.

L'articulation entre la formation présentielle et la plateforme d'e-learning du CESGA® a-t-elle répondu à vos attentes ? Quelles seraient les pistes d'amélioration possibles ?
Le format de la formation CESGA® est adapté, car le contenu est complet, dédié à des analystes financiers, sans être trop lourd : le e-learning aide pour l'apprentissage, avec de nombreuses questions QCM en exemple qui mettent en avant les points importants. Les deux jours de présentiels sont utiles notamment pour se familiariser avec la rédaction du cas pratique (acquisition des réflexes), ce qui manque un peu à la plateforme e-learning seule.

Propos recueillis par Michèle Hénaff, rédactrice en chef d'Analyse financière
Contact : analysefinanciere@sfaf.com