Les actualités et publications
01/07/2015 Dans la revue

Un monde de violences. L'économie mondiale 2015-2030

JEAN-HERVÉ LORENZI ET MICKAËL BERREBI GROUPE EYROLLES. JUIN 2014 - 220 PAGES - 17€

Cet ouvrage publié il y a juste un an est on ne peut plus d'actualité fin juin 2015, alors que la planète tout entière est sous le choc d'attentats récents et, sur le plan économique, dans l'attente du référendum grec. La conviction des auteurs est simple : il faut penser la trajectoire de l'économie mondiale de manière totalement différente d'aujourd'hui pour éviter une grande crise et ses conséquences dramatiques.

« Le XXIe siècle sera le produit de six nouvelles contraintes et de politiques adaptées à celles-ci à l'échelle des grandes zones  économiques mondiales. À défaut, les conflits prendront le pas. Dans le meilleur des cas, ils se feront sur les changes, mais peut-être prendront-ils des formes plus guerrières. Quelle qu'en soit la forme, ces six contraintes vont structurer le monde tel qu'il sera Nous  pénétrons dans un monde où ces contraintes ont un nom, celui de conflits. » L'introduction plante clairement le décor ! Quelles sont ces six contraintes ? Trois sont déjà à l'oeuvre : la financiarisation accélérée, une explosion des inégalités et un transfert d'activité massif des pays de l'OCDE vers les pays émergents. Trois autres contraintes vont mettre des années à s'installer : le vieillissement de la population, le ralentissement du progrès technique qui fait l'objet de nombre de débats et la capacité à équilibrer l'investissement mondial et l'épargne disponible. Le livre de Jean-Hervé Lorenzi, professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine et président du Cercle des économistes, et de Mickaël Berrebi, actuaire diplômé de l'ESSEC, s'organise autour de la description des contraintes, celles nées d'un passé récent et celle à venir plus difficiles à cerner.

On se concentrera ici sur le chapitre 7 « Éviter la grande crise du XXIe siècle » en laissant le soin aux lecteurs de découvrir par eux-mêmes les analyses des tendances récentes et à venir. Arjun Appadurai, Ulrich Beck, Zygmunt Bauman, Claude Levi-Strauss, Hanna

Arendt, Richard Sennet, et, bien sûr, Alain Touraine. Tous ces économistes et philosophes sont cités par les auteurs qui donnent finalement une note d'optimisme, à la grande joie des lecteurs d'ailleurs ! Pour répondre à ces six contraintes qui posent un frein à la croissance du XXIe siècle, modifient les rapports de force entre les grandes zones et transforment les sociétés dans leur mode de fonctionnement quotidien, cinq propositions sont faites :

  • Recentrer le monde sur sa jeunesse et faire face au choc intergénérationnel pour altérer la frontière entre travail et non travail.
  • Socialiser la seule ressource rare, l'eau, en prenant conscience qu'il existe un risque de crise majeure du fait de l'augmentation impressionnante de la population dans les années à venir.
  • Dompter la rente, car rente et dette vont de pair dans la mesure où elles engendrent la stagnation et la déflation. La recommandation des auteurs consiste à appliquer le modèle de « dette perpétuelle », à appliquer totalement ou partiellement, avec de multiples variantes.
  • Penser un nouveau Bretton Woods pour se diriger vers un système monétaire moins hégémonique, plus « multipolaire » donc et utilisant dans tous ses processus de calculs, dans ses évolutions, un panier de devises telles que le dollar, l'euro et le yuan.
  • Partager les risques en les mutualisant à tout niveau de l'activité humaine et en redonnant sa part à l'État afin que la puissance publique prenne en charge la couverture des risques extrêmes et de long terme alors que l'investisseur privé supporterait la couverture des risques plus courants de court et moyen terme.

Telles sont les idées et les recommandations imaginées et préconisées dans cet ouvrage pour appréhender le cadre macroéconomique à venir, relever le défi et concevoir enfin l'avenir pour les jeunes générations et les futures.

 

MICHELE HENAFF
RÉDACTRICE EN CHEF DE LA REVUE ANALYSE FINANCIERE

 

Article initialement publié dans l'édition 56 de la revue Analyse financière (juillet-août-septembre 2015)