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28/09/2017 Dans la revue

Nouvelle Route de la soie, facteur de croissance et de paix

Le dossier de la revue Analyse financière n° 66 (à paraître en janvier 2018) donnera des clés pour faire valoir l'importance de la nouvelle route de la soie. En attendant cette publication regroupant une quinzaine d'articles de professionnels et experts, voici un bref aperçu des enjeux.

Fin août 2017, la fondation Prospective Innovation a consacré le thème de sa conférence annuelle à « l'Europe face aux relations sino-américaines ». L'étude des opportunités et des conséquences possibles du projet chinois de la route de la soie (investissements de plus de 1 000 milliards de dollars, soit 8 fois le plan Marshall) a réuni, autour de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, des personnalités françaises, européennes et étrangères.

La mise en place concomitante d'un corridor terrestre et d'une route maritime a une visée stratégique de long terme sur l'ensemble de l'Eurasie, c'est-à-dire à la fois l'Europe et l'Asie. La Chine cherche indéniablement à conforter sa place, à consolider – voire améliorer – sa croissance et à se positionner dans le concert des Nations, au même titre que l'Europe, la Russie et les États-Unis.

Une route est un chemin à deux sens, ce qui implique une appropriation par tous ceux qui la côtoient. L'Europe a un rôle à y jouer pour faire respecter les règles de fonctionnement des marchés et participer à son financement. C'est ce que l'ambassadeur de Russie en France, S.E.M. Alexandre Orlov, a évoqué en rappelant la trop grande interdépendance de l'Europe avec les États-Unis et le rôle prééminent du dollar qui n'est plus en phase avec la place de l'économie des États-Unis dans le monde.

Pour Pierre Vimont, ambassadeur de France, l'attitude européenne est une position de méfiance car l'Europe n'a pas initié ce plan et ne sait comment répondre à cette diplomatie économique chinoise qui arrive avec sa main d'œuvre, ses entreprises, ses banques (actuellement, 320 milliards de dollars proviendraient des banques chinoises, selon Jean-Hervé Lorenzi). L'Europe ne doit pas seulement apporter ses normes (marché de l'énergie, sécurité des transports, marché ouvert avec principe de réciprocité) et ses règles de fonctionnement. L'Europe réfléchit pour proposer une stratégie pour 2018, cachant ainsi ses divisions entre pays du Nord et du Sud. Y aura-t-il volonté politique d'adhésion ? Voudra-t-on y participer pour partager ce modèle ou le laisser à d'autres ? Telles sont les questions posées par Pierre Vimont.

Du coté des entreprises, la réponse est très nettement favorable à l'ouverture chinoise. Jean-Michel Piveteau, président des CCEF (Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France) de Pékin et conseiller BNP Paribas Chine, a fait des propositions en ce sens. Il demande notamment la création par la France d'un groupe de management du projet et d'une agence d'exécution afin de fédérer les initiatives et bénéficier des financements chinois, voire participer aux appels d'offre. Il cite le cas emblématique d'une PME d'Ile-de-France, Bernard Controls, exerçant son activité dans la motorisation de vannes industrielles et qui suit 20 projets en Chine avec ses équipes. Bruno Lafont, ancien président de Lafarge, précise que les grandes entreprises françaises commencent à mettre ce sujet comme thème stratégique de développement, l'opportunité d'une telle initiative favorisant nos exportations.

Sylvie Bermann, ancien ambassadeur de France en Chine et prochain ambassadeur de France en Russie, rappelle opportunément le rôle des monnaies et l'opportunité de positionner l'euro comme le yuan comme monnaies contractuelles en place de l'omniprésence du dollar. L'actualité lui répond avec la naissance du yuan convertible en or pour les contrats pétroliers mis en place par la Chine.

M. André Chieng, vice-président du comité France Chine, a clôturé ce colloque en compagnie de Jean-Pierre Raffarin, représentant de la France en mai dernier au sommet international de Pékin sur les « nouvelles routes de la soie », et a rappelé que la Chine a besoin d'une croissance de 6 % pour réaliser ses réformes. Il lui faut donc rallumer les feux de la croissance intérieure et s'appuyer tant sur ses exportations que sur les investissements étrangers.

Bruno Beauvois, délégué général de la SFAF
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