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31/01/2022 Comptabilité

BFR et dette financière : attention aux faux amis !

L’analyse du cash et de la capacité d’une entreprise à en générer pour pouvoir investir, verser des dividendes et rembourser les dettes est une étape clé dans l’analyse financière. Or, l’histoire est parsemée d’exemples d’entreprises qui n’ont pas su gérer cette étape. C’est pourquoi la commission Comptabilité de la SFAF insiste sur l’importance d’une meilleure information sur le tableau de flux de trésorerie (IAS 7) et sur le Free Cash-Flow, notion non définie dans les normes comptables nationales GAAP (Generally Accepted Accounting Standards) et internationales IFRS.

Quelles informations seraient utiles ?

  • Le lien complet entre le Bilan et le Tableau de Flux de Trésorerie (TFT) est partiellement demandé par IAS7 pour les « activités financières ». En effet, les entreprises doivent expliquer le passage entre 2 bilans en détaillant les opérations cash et celles non cash (par exemple : les contrats de location IFRS 16).
  • Une meilleure information sur les variations de Besoin en fonds de roulement (BFR).

Rappelons que, par construction, le TFT doit répertorier les seuls mouvements de trésorerie entre 2 bilans et les présenter en 3 catégories : flux des opérations, flux d’investissement et flux de financement. La plupart des entreprises présentent les flux des opérations selon la méthode indirecte, c’est à dire comme un tableau de passage entre résultat net et les flux des opérations. Dans ce tableau, on retrouve entre autres les variations de BFR (créances, fournisseurs et stocks), qui ne devrait pas poser tant de questions !

Cela est exact si l’entreprise ne fait aucune opération sur le BFR, mais cela n’est pas toujours le cas. On citera les « cessions/factoring » de créances via des opérations qui conduisent, sur la base d’une analyse du risque de crédit, à la « décomptabilisation (1)» ou non de la créance, améliorant ou non le BFR.

Plus récemment, se sont développées des opérations de reverse factoring portant sur le passif. Ces opérations sont généralement mises en place par de grandes sociétés au crédit plutôt solide pour le règlement de leurs factures fournisseurs. Le reverse factoring permet aux fournisseurs de s'adresser directement à la banque du client, qui règle les factures en lieu et place du client. Le client en profite souvent pour allonger les délais de paiement. Le reverse factoring a donc un impact sur les besoins "apparents" en cash en diminuant le BFR par l’allongement de la durée de la dette fournisseur et le non-reclassement "systématique" d’une partie de la dette fournisseur en dette financière. En effet, la question du classement d’une dette en dette fournisseur (flux opérationnels) ou en dette financière (flux de financement) n’étant pas traitée par les IFRS, l’IASB propose un texte qui demande aux émetteurs de donner le montant des opérations et leur choix de classement dans le bilan et le TFT. Cette proposition, qui est dans la ligne de ce qui avait été demandé par l’AMF et l’ESMA, ne peut que satisfaire les analystes. Nous ne pouvons qu’encourager les émetteurs à l’appliquer dès maintenant !

(1) Si la cession est considérée comme réalisée d’un point de vue IFRS, la créance est sortie du Bilan. Si ce n’est pas le cas, le cash reçu est considéré comme une dette.