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12/09/2018 Emetteurs, Analyse

30 ans du CAC 40 en 2017 : quel bilan pour cette année-là ?

Fin juin 2018, Ricol Lasteyrie Corporate Finance, membre du réseau EY, a publié sa 12e édition du Profil financier du CAC 40. L'année 2017 s'inscrit globalement sous le sceau de la reprise de l'activité et du retour des résultats. Marc Lefèvre, associé EY, et Pierre Giry, consultant EY, répondent à nos questions.

Au vu des résultats de l'étude récente « 12e édition du profil financier du CAC 40 », ces entreprises auraient retrouvé le chemin de la croissance. N'y a-t-il pas toutefois des disparités notables entre les sociétés de cette catégorie ?
Il existe effectivement des disparités. Les secteurs Banques & Assurances, ainsi que Technologie, Médias et Télécoms, sont en repli (respectivement -1 % et -2 % vs. 2016) alors que les secteurs Industrie & BTP et Energie, Matières Premières & Services aux collectivités tirent la croissance (+8 % chacun), suivis du secteur Biens & Services aux consommateurs (+5 %).
Les trois meilleures progressions sont celles de Kering (+25 %), PSA (+21 %) et Arcelor-Mittal (+17 %) et les trois reculs les plus importants, hors effets de périmètre, sont ceux de Solvay (-7 %), Société Générale (-5 %) et LafargeHolcim (-5 %)

Après la période des AG 2017, l'étude fait à la fois état d'une diminution de la part du résultat net versée aux actionnaires et du niveau d'investissements le plus bas depuis 2007. Comment expliquez-vous cela ?
Si la France a historiquement une politique de versement de dividendes assez élevée comparativement aux autres pays européens et aux États-Unis (pay-out ratio moyen de 45 % sur les douze dernières années), il convient toutefois d'y mettre en regard les constats suivants :

  • Les autres formes de rémunération des actionnaires, en particulier les rachats d'actions, peu pratiqués en France (7,4 Mds€ en moyenne par an sur les douze dernières) mais très pratiqués au États-Unis, qui font augmenter la valeur des actions. En France, les actionnaires sont rémunérés essentiellement grâce au dividende.
  • Le haut niveau de taxation historique des revenus du capital en France (taxe sur les dividendes, impôt sur le revenu ou prélèvement libératoire, ISF), qui contribue à renforcer le taux de versement, pour attirer les investisseurs en leur assurant une rentabilité après impôts attractive par rapport aux autres pays où la pression fiscale est moindre.

Le niveau d'investissement a certes atteint un creux en 2017 mais celui-ci peut être tempéré par plusieurs éléments particuliers cités dans notre étude. Une fois ces éléments retranchés, l'investissement des autres acteurs est stable. Toutefois, ce niveau demeure décevant et nous pouvons supposer que ce retrait favorise la constitution d'un « trésor de guerre » pouvant notamment permettre de saisir des opportunités de croissance externe.

Justement, quels sont les constats de l'étude quant aux politiques de croissance externe ?
L'augmentation du chiffre d'affaires du CAC 40, de +5 % en 2017 sur un an, provient principalement de la croissance organique (+4,7 %), suivie ensuite de la croissance externe (+1,2 %), ces deux effets étant tempérés par l'effet de change (-1 %).
La France a tiré l'activité de fusions-acquisitions en Europe cette année. Le nombre d'opérations a largement augmenté par rapport à 2016, mais le montant total représenté a baissé au sein du CAC40. La reprise des opérations fin 2017 et début 2018 laisse supposer que les sociétés du CAC 40 vont aller chercher la croissance externe en utilisant leur « trésor de guerre ».

Quelles préoccupations majeures ces entreprises mettent-elles en avant pour 2018-2019 ? Évoquent-elles le Corporate Venture ?
Ce point n'a pas fait l'objet d'une analyse détaillée de notre étude. On peut toutefois noter que les champions du CAC 40 restent, à ce jour, positifs sur la situation économique mondiale et souhaitent renforcer leur rôle au niveau global en constituant des champions non plus nationaux ou européens mais globaux, comme l'a montré le récent rachat de Westfield par Unibail Rodamco. Pour y parvenir les sociétés s'impliquent de plus en plus dans le jeu mondial du M&A face aux fonds financiers qui sont aujourd'hui en concurrence directe avec les fonds de corporate venture. Cela traduit l'ambition des sociétés du CAC 40 au sein d'une France ambitieuse, audacieuse et conquérante !

Propos recueillis par Michèle Hénaff, rédactrice en chef de la revue Analyse financière
Contact : revue@sfaf.com